Partisan d'une observation attentive de la gouvernance internet, l'auteur des lignes pense que se niche dans ces processus et organisations des éléments déterminants pour l'avenir de l'Internet (certes..) mais également de la cyber-défense.
Je tiens ainsi à signaler deux évènements notables :
- l'attribution récente de 4 "slash 8" ou encore /8 par l'ICANN a rendu l'espace d'adressage un peu plus restreint.
Rappelons les principes de la construction d'une adresse IP avant d'analyser l'information. Une adresse IP est une adresse attribuée à une machine dans un réseau. Contrairement à ce que l'on croit, l'adresse n'est ni stable ni même forcément unique dans le temps et par machine.
Une adresse IP, c'est ça : 54.87.56.76 par exemple. Elle est codée sur 32 bits, soit 4 octets (un octet = 8 bits). Un bit est une "quantité élémentaire d'information" dont la valeur est 1 ou 0...Facile jusque-là !
Considérons que nous pouvons maintenant écrire une telle adresse sur 32 chiffres différents dont la valeur est 1 ou 0 (et oui, l'informatique c'est binaire). Néanmoins, la répartition ainsi faite des octets a une importante non négligeable car elle entre notamment dans l'identification du réseau auquel appartient la machine.
En bref, si l'on regarde un peu plus prés, on peut ainsi s'apercevoir que ces groupes de 4 octets sont en fait des groupes de 4x8 bits (vous me suivez :D). Pour désigner un ensemble d'adresse, on va prendre une notion de dénominateur commun. Ainsi, parler d'un "/8" revient à parler de toutes les adresses dont le premier octet est commun.
Si les deux premier octet sont communs, on parlera de /16 puis de /24 et enfin, un /32 représente en fait une unique adresse...
Ex. 67.0.0.0/8 fait référence à toutes les adresses IP commençant par 67...
Autre point important, vu que l'on code sur 32 bits variant entre 0 et 1, nous avons donc 2^32 ou encore "2 puissance 32" possibilités, soit un peu plus de 4 milliards. Chacun des 4 octets (entre les points) vaut donc 8 bits, ce qui représente donc 2^8 adresses ou 256 possibilités.
Autrement dit, aucun des quatre composantes ne peut aller au-delà de 255 (dont le 0)...Il y a donc 256 "/8".
Aujourd'hui, l'ICANN vient de distribuer 4 /8. Il reste en tout 7 /8 mais en pratique uniquement 2 car en vertu d'un protocole d'accord, une fois ces deux /8 distribués, les 5 restants seront attribués aux entités de distribution locale.
Cet indice supplémentaire du rétrécissement de l'espace d'adressage doit quelque peu nous alerter car même si des solutions palliatives existent, elles apportent également leur lot de problème. Une vraie solution pourrait résider dans la version suivante du protocole IPv6, qui n'est que partiellement déployée et utilisée...Peut-être le sentiment d'urgence changera-t-il tout cela car l'on pourrait sinon craindre des phénomènes de "lutte" pour l'obtention et l'utilisation d'adresses IP. A ce sujet, il a déjà été avancé la possibilité de "marché noir".
- Second point : l'arrivée de Huawei parmi les partenaires et sponsors d'importance de l'ISOC Monde.
Ce point est notable pour plusieurs raisons à mon sens. Tout d'abord car il met en avant un certain manque de représentation dans le monde des infrastructures informatiques des entreprises françaises. On compte tout de même Alcatel-Lucent à un niveau équivalent à l'ISOC.
Cependant si Huawei est un vrai concurrent de Cisco, il m'est plus difficile d'appréhender la vraie position d'Alcatel-Lucent vis-à-vis de ces géants.
Enfin, être un partenaire n'est pas tout : il faut participer et innover. En la matière, il semble que les auteurs des RFC soient majoritairement liées à des entreprises connues et actives en matière d'influence technologique et donc politique. Ce point mériterait d'être complétement contrôlé mais il semble faire l'unanimité parmi les participants réguliers au processus d'innovation et de standardisation.
En effet, l'ISOC encadre le déroulement et le fonctionnement de l'IETF qui constitue un des organismes de standardisation du web. Être à la source de développements des futurs standards et être un partenaire d'importance peut donc constituer un facteur d'influence pour un industriel dont on soupçonne fortement les liens avec le monde politique de son pays d'origine...
Comme Cisco, quasi-monopole en son temps apportait des doutes et des craintes sur notre capacité à assurer notre souveraineté technologique, les démarches de Huawei peuvent également être interprétés comme une stratégie d'influence. Ceci pourrait se comprendre alors que la Chine semble avoir un dilemme à résoudre entre : sa volonté de maitrise et de contrôle, sa volonté d'attirer industriels et entreprises mais également sa volonté de regagner des réelles capacités au sein de la gouvernance Internet.
Je crois fermement que les processus et organisations de la gouvernance internet reflètent voire créent des réalités géopolitiques qui pourraient constituer de véritables défis dans les années à venir. J'espère vous en avoir convaincu.
Source :
http://tech.slashdot.org/story/10/11/30/2351245/Free-IPv4-Pool-Now-Down-To-Sevennobr-wbrnobr8s
http://isoc.org/wp/newsletter/?m=201011
http://www.isoc.org/orgs/members.php
mercredi 1 décembre 2010
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Ça mérite un p'ti coup de cidr !
RépondreSupprimerExcellent !
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