Je vous conseille la lecture de l'article cité dans les sources qui retrace l'histoire et les racines de l'activisme russe et celui de l'IUT en faveur d'un traité concernant le cyberespace.
J'en retiens quelques points et notamment :
- le "background" de Hamadoun Touré, secrétaire général de l'IUT, ingénieur originaire du Mali et formé...en Russie. Les derniers rendez-vous de l'IUT ont confirmé le souhait très fort d'aboutir pour 2011 à la rédaction d'un tel traité.
- la première résolution proposée à l'ONU par la Russie sur le thème de "information security" date de 1998 ! Elle concernait effectivement la limitation des capacités de subversion d'un pays et en particuliers la capacité des "mots" à être des "armes". On y retrouve ainsi toute la composants si particulière des doctrines de sécurité russe en matière de cyberespace mais également l'approche soutenue par l'IUT de contrôle des armements.
- Un tel accord serait d'ailleurs déjà mis en oeuvre entre les pays de l'Organisation de Coopération de Shanghai dont les membres aurait approuvé un accord proposé par la Russie et définissant la guerre de l'information comme :
“confrontation between two or more states in the information space aimed at . . . undermining political, economic, and social systems [or] mass psychologic [sic] brainwashing to destabilize society and state.”
- A noter : aucune résolution de l'ONU en la matière, et notamment celles proposées par la Russie, ne se restreint au monde cyber. Le mot n'apparait même pas par la suite !
- Les analystes russes aurait déjà avancé que de telles opérations informationelles de déstabilisation conduites par un ou plusieurs pays envers un pays tiers pouvaient être considéré comme une agression au sens de la charte de l'ONU..ce qui, si ce point était accepté, serait susceptible de mettre également en jeu les traités de défense ou de sécurité collective.
- l'article pointe avec justesse les difficultés à appliquer purement et simplement les "lois de la guerre" (ici les convention de Genève et de la Haye ainsi que la charte de l'onu) en raison des difficultés à établir les notions d'attaquants et les limitations à la défense et à la réaction ou encore la protection des civils. Par ailleurs, il saisit justement la question du contrôle des armements impossibles dans ce contexte.
- Par ailleurs, si un tel traité de contrôle des armements voyait le jour, il est fort possible qu'il mette en oeuvre des mécanismes de contrôles associés comme il en existe aujourd'hui plusieurs (AIEA, TCO, FCE...). Cependant, il semble que les USA soient très réticents à cet exercice car ils auraient tendance à penser qu'ils seraient les seuls à appliquer de telles limitations. A noter d'ailleurs que la résolution russe proposée à l'ONU en 2008 sur de telles limitations a été refusé uniquement par les USA.
- Le rôle de la gouvernance et de l'ICANN est en particulier très discuté et remis en cause par l'ensemble des acteurs. Ainsi, l'ICANN n'est pas reconnue par l'UIT en tant que telle et n'est pas invitée aux rencontres de l'organisation internationale. J'ai déjà évoqué l'histoire de la gouvernance qui a donné à l'ICANN des pouvoirs que l'UIT souhaitait détenir. Il faut savoir que le Président Clinton, dont les relations avec l'ONU, étaient notoirement mauvaises, est à l'origine du système ICANN (indirectement) et le rejet de l'UIT considéré comme affligé de tous les défauts de l'ONU...
C'est tout de même un jeu dangereux que joue ici l'UIT. En insistant sur la souveraineté des Etats sur Internet et leur soi-disant légitime interventionnisme en la matière, elle attire, par son discours, des pays à tendance autoritaire notamment. Cela ne sera certainement pas forcément au bénéfice des populations qui n'adhéreront pas plus, dans l'avenir, à un système qui aura notoirement mis en danger leurs libertés...
Un excellent article, à mon sens, d'un observateur avisé et renseigné du domaine qui épargne les aspects techniques sans cependant tomber dans l'erreur. Un must :) !
Source :
http://www.worldaffairsjournal.org/articles/2010-NovDec/full-Gjelten-ND-2010.html
UE - Avis du Conseil de l'UE à propos de l'ENISA
Il y a 2 jours
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