lundi 21 février 2011

Câblages et Développement..

Parfois oubliées lorsqu'on évoque le cyberespace, les infrastructures du Net font parfois de surprenants retour en force dans l'actualité. Parmi elles, les câbles sub-océaniques qui transportent prés de 90% du trafic Internet aujourd'hui sont des plus importantes.

Ces câbles dont j'ai mentionné à plusieurs reprises l'existence et l'importance ont parfois des conséquences, ou entrainent des enjeux, lourds. Ainsi, à titre d'exemple, plusieurs experts africains en télécommunications ont souvent reproché à la Gouvernance Internet à l'IUT, un malheureux état de fait : l'existence d'un câble unique entourant l'Afrique et soumis à un monopole...Bien évidemment, avec à la clé, des coûts conséquents.

N'étant absolument pas un expert des interconnexions sur le territoire africain, j'ai interrogé différents interlocuteurs qui m'ont confirmé cet état de fait. L'article en source participe également à confirmer la véracité de ce propos.

Ma question suivante a été : et les câbles enfouis sous la terre ? La réponse : la richesse représentée par les métaux contenus dans les câbles poussent les populations à les déterrer, les débiter et les revendre.

La conséquence a été notamment un développement des accès par satellites et plus récemment par le mobile. Contrairement à ce que l'on peut parfois croire, le développement mobile n'est absolument pas anodin en Afrique, loin de là. Ne généralisons pas bien évidemment mais il reste un fait : le mobile représente un mode de communication et de paiement non négligeable dans plusieurs pays.

Revenons à nos câbles dont je vous livre un petit aperçu de la répartition :



Toutefois, un renouveau semble apparaître avec le développement des nouvelles interconnexions fait presque craindre une sur-disponibilité en bande passante. Cette plaisanterie n'atténue en rien la réalité : il y a une amélioration des capacités en bande passante pour ce continent comme semble le montrer le schéma suivant :


Doit-on en déduire que c'est la fin de la pauvreté numérique pour l'Afrique ? Pas tout à fait semble-t-il car posséder l'infrastructure physique, c'est bien mais deux points au moins restent sensibles :

- l'acquisition de matériel nécessaires à la connexion chez les individus : les ordinateurs demeurent chers !

- l'existence d'opérateurs disposant des moyens, et proposant des offres raisonnables, pour transmettre les paquets sur ces câbles. En la matière, la "pauvreté" numérique de l'Afrique pose un problème à deux niveaux : 1/ parce qu'il demeure délicat pour elle d'imposer ses opérateurs dans les accords de peering (échanges de transports de données entre opérateurs) pour atteindre le monde entier car les opérateurs ne disposent pas de réseaux de taille importante susceptible d'intéresser de plus gros opérateurs...2/ Parce qu'historiquement, l'Afrique n'accueille que peu de points d'échange Internet qui constitue de réelle difficulté pour échanger du trafic notamment au niveau international.

En conclusion, nous retiendrons que cette évolution demeure bénéfique pour l'Afrique mais qu'elle constitue la première étape d'une démarche plus longue. A suivre donc... :D

Source :
http://www.lemonde.fr/week-end/article/2011/02/18/internet-en-afrique-la-fin-du-desert-numerique_1464281_1477893.html

3 commentaires:

  1. Article intéressant pour la remise en perspective suivante : on se focalise bien trop souvent (moi le premier !) sur les contenus mais on oublie l'infrastructure servant à leur transport. Le médium physique atteint (perturbations, indisponibilité, destruction) et c'est la plupart du trafic de l'information aujourd'hui qui est atteint. Merci pour cette "piqûre de rappel".

    RépondreSupprimer
  2. Merci à vous !

    Question de spécialité et de formation je pense...

    De même, il est parfois difficile de dialoguer avec les spécialistes de la sécurité des systèmes industriels !

    C'est le côté délicat de l'aspect transverse de la sécurité, à mon sens...

    Encore merci !

    RépondreSupprimer
  3. Pour la surdisponibilité des câbles, c'est un risque car les câbles actuels sont occupés à moins de 50% (comme dans beaucoup de régions du monde). Les tarifs de bande passante ne correspondent pas forcément au niveau de vie local (comme nombre de produits), les monopoles (comme sur certaines dessertes aériennes) existent et les données ne sont pas toutes forcément destinées à l'Afrique.

    RépondreSupprimer