Inutile de le nier, le rôle des gouvernements et autres forces étatiques dans le cyberespace ne cesse de croître. Cet aspect était évoqué dans plusieurs articles précédents et on peut simplement le constater par la croissance de la production de texte relatifs à ces aspects et qui dépassent le strict cadre de la sécurité. Ainsi, la majorité des doctrines ou stratégies émises se réserve le droit d'intervenir ou considère les processus de la gouvernance comme un point d'attention.
Le rôle prépondérant et spécifique des Etats-Unis au sein de la gouvernance a fait débat et demeure controversé. Toutefois, il faut accorder une forme de succès, peut-être en demi-teinte, à la gouvernance : elle continue d'exister et elle assure certains services importants. Ainsi, du côté de l'ICANN, on peut considérer que certains cadre juridiques ou pratiques économiques se sont améliorés. Du côté de l'IETF, la production des standards a permis des évolutions, en cours et ont concouru à l'amélioration de la sécurité...Notez que la difficulté réside notamment dans la multiplicité et le grand nombre des acteurs et que l'Internet demeure malgré tout et encore "UN".
Ce rôle, comme nous le disions, est pourtant remis en cause au sein même du gouvernement. Ainsi, Larry Strickling, sous-secrétaire d'Etat au Commerce pour la Communication et l'Information, l'organisme de contact principal de la gouvernance, affirme que le rôle trop fort des états dans ces processus serait de nature à bouleverser l'équilibre et le rendre inefficace à l'avenir.
Allant plus loin, il ajoute que selon lui, un Internet contraint par un traité de droit international perdrait toute l'attractivité qui a permis aux innovateurs d'en développer les différents aspects et qu'un contrôle accru serait une forme de mort de l'innovation et conduirait le système à stagner.
Promouvant également l'approche "multi-stakeholder", pour multi-partenaires au sein de la gouvernance, une approche en vigueur depuis plusieurs années, cette déclaration et cette vision semble être assez nouvelle dans l'administration américaine. Elle parait également être partagée par plusieurs ministères car le représentant à l'OCDE des Etats-Unis défendait pour sa part des principes généraux, non réduits à des politiques étatiques simples ou des accords internationaux, de nature à permettre le développement d'un Internet libre.
Cette évolution de ton correspond également à une thématique de l'internet comme outil de liberté mise en exergue par les révolutions arabes et les contraintes imposées par des régimes dictatoriaux. Pour autant, l'administration américaine peut également avoir plusieurs actions et se constituer comme un froid joueur d'échecs : ce discours n'empêche pas la conduite d'opérations offensives ou les actions d'influence, y compris par le monde privé, des standards et pratiques de la gouvernance.
Un sujet à évaluer dans le temps..
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RépondreSupprimerMerci pour l'information Cidris.
SupprimerJe relève deux points qui, à mon sens, soulignent une certaine ironie, en complément à ce que tu mets en exergue à la fin de ton analyse.
Le premier est que le postulat de départ est biaisé puisque "Internet libre" n'existe plus depuis qu'il s'est "démocratisé" ("marchandisé", "orwellisé", "standardisé" ?) au tournant des années 2000. Peut-être l'idée renaîtra-t-elle un jour prochain sous des formes alternatives (avec la "Pirat box" par exemple) mais c'est un autre débat.
Second point, il concerne la signature d'un traité international qui impliquerait de fait une perte de pouvoir réel des USA par rapport à leurs infrastructures qui, stratégiquement, opèrent Internet (cas des serveurs racines DNS, de l'ICANN, etc.) puisque ce traité prendrait le pas sur l'arsenal législatif américain à propos du cyber qui est en cours d'évolutions profondes et aux impacts...globaux (mondiaux). L'intérêt des USA me semble être de maintenir un statu-quo en attendant de, suprême ironie, pouvoir rogner les capacités des "autres" (au hasard, la Chine) sans toucher aux siennes propres.
La dynamique créée et les moyens dédiés (financiers, techniques et législatifs) pourraient parfaitement valider ce scénario dans les années qui viennent ! A suivre donc...