lundi 27 septembre 2010

Comment contrôler les "armes du net" ?

Question provocante s'il en est ! Une petite touche d'approche journalistique n'est pas sans effet parfois mais ne laissons pas l'enthousiasme nous emporter. Il s'agit ici d'évoquer les derniers développements de l'initiative russe, supportée par l'ONU et notamment l'IUT, mettant en avant un traité de contrôle des "cyber-armes". Nous évoquions, avec force critiques, dans des articles précédents.

Un récent article nous apporte quelques éléments dont le plus intéressant reste celui-ci :



Il s'agit de la liste des pays ayant approuvé l'initiative russe que nous évoquions précédemment. Cette initiative reste un relatif succès diplomatique russe car si le pays a clairement une position de leader ici, les pays l'ayant suivi ne sont pas forcément parmi les forces diplomatiques majeures à l'exception notable de l'Inde, de la Chine et du Brésil...Qui a dit BRIC ?

Aucun pays européen ne l'a effet encore soutenu et les Etats-Unis se font encore "tirer" l'oreille bien qu'ils aient accepté la version russe de contrôle des armements opposée à la leur, plus orientée coopération policière contre la cybercriminalité.

On apprend également quelques éléments intéressants :

=> l'approche choisi par la Russie est celle de "Guerre de l'Information" se référant aussi bien aux aspects techniques qu'à la guerre des idées

=> depuis 1998 et chaque année, le gouvernement russe dépose une motion tendant à proposer une négociation sur "l'information terrorism", c'est-à-dire les pratiques de manipulations, largement facilitées par Internet, permettant de manipuler des populations et provoquer des conflits sociaux de forte intensité

=> en 2008, Sergei Korotkov du ministère de la défense russe, lors d'une conférence de désarmement de l'ONU souhaitait que puisse être qualifié "d'agression" tout comportement imputable à un état, visant à effectuer des manœuvres de subversion par Internet

=> Lors du Sommet de l'Organisation de Coopération de Shangaï, la Russie avait réussi à proposé une version plus dure encore de cet accord de "désarmement" aux pays de l'OCS, version notamment plébiscité par la...Chine. L'accord définit une "guerre de l'information" visant à amoindrir les capacités d'un pays à remplir ses rôles politiques, sociaux et culturels.

=> On connait également la propension de l'IUT à souhaiter un tel traité, proposition relayée par son secrétaire général Amadoun Touré.

Il est intéressant de constater que toutes ces manœuvres reposent sur deux problèmes :

- le manque de définition communément acceptée des attaques informatiques, guerre de l'information...

- une problématique de gouvernance : alors que l'IUT tente d'y retrouver son rang, certains pays (Inde, Chine, Brésil, Russie), peu ou mal représentés, utilisent des voies détournées pour reprendre un ascendant sur ces problématiques.

Tout cela est bien beau et bien gentil mais n'oublions pas les réalités techniques notamment à commencer par le contrôle de programmes à haut potentiel de destruction. Un programme, c'est de la donnée numérique relativement simple : du texte dans un langage donné...

Le coût et la complexité de la reproduction de la donnée numérique sont NULS ! Un programme est bien plus léger qu'une vidéo. On le modifie, on le dissimule avec une grande facilité et on voudrait nous faire croire que l'on peut en limiter l'expansion ???

Les enjeux de l'activisme diplomatique russe apparaissent donc un peu plus clair grâce à ces informations : la problématique centrale semble demeurer la reconquête de leur rang diplomatique associée à plus grande maitrise de ce qui semble demeurer une faiblesse inhérente aux régimes en délicatesse avec les droits de l'homme à l'heure de l'information sans frontières.

Ce qui pose une question presque métaphysique, quelle est aujourd'hui la capacité réelle des États sur Internet ?

Source : http://www.npr.org/templates/story/story.php?storyId=130052701

2 commentaires:

  1. Bonjour,

    Le concept derriere cette lutte contre les armes, meme au sens purement logiciel du terme, est a mon avis de fournir un moyen plus qu'une fin.

    Exactement le meme concept que la consultation d'images pedopornographiques en france : c'est un tres bon moyen de caracteriser les pedophiles et de les faire condamner faute de les pouvoir les condamner pour l'acte lui meme.

    Le but ne sera donc pas de limiter le telechargement de GnuPG, mais d'emprisonner un suspect dont on retrouvera GnuPG sur son PC.

    @+, paul

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  2. L'analyse est intéressante ! Merci de l'avoir partagée.

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