Passé inaperçu comme souvent le sont les évènements ayant trait à la Gouvernance, l'interview de Bernard BENHAMOU, Délégué aux usages de l’Internet, révèle des évolutions que l'on peut qualifier de stratégiques.
En effet, la Présidence Française de l'Union Européenne a été l'occasion de plusieurs réunions européennes et de concertations autour de l'Internet du Futur et de son système de Gouvernance. Deux axes sont ici prédominants : le mobile (et donc l'adressage) et l'Internet des Objets.
Si l'on se penche encore un peu plus dans les rouages de l'Internet, on y décèle un aspect déterminant qui a fait couler beaucoup d'encre. Le DNS est ainsi un système essentiel qui met en relation les noms de domaines (ex. www.google.fr) avec l'adresse IP du serveur qu'il faut atteindre (suite de chiffre de type 245.123.243.0). Il est de plus, organisé suivant une logique hiérarchique avec une racine et une arborescence en dessous de cette racine.
Diverses failles (notamment celle dite Kaminsky) et craintes ont conduit les organisations de la Gouvernance à décider la mise en place d'un processus plus complexe permettant d'assurer un meilleur fonctionnement. En bref, il s'agit d'assurer une sécurité plus grande des requêtes en utilisant notamment des procédures de chiffrement des requêtes.
Or le chiffrement induit le besoin de clés, clés devant être maintenus, gérés par une autorité...La cohérence du système reposant sur ces clés, la question de l'identité du gestionnaire est primordiale et à priori non réglée.
De plus, le DNS a souffert de la part des politiques d'un attachement excessif tout autant que de critiques excessives. Cependant, sa "centralisation" - de plus en plus relative- sur le territoire des USA (qui possède la première racine) n'est pas sans poser de questions.
Au contraire, l'ONS - qui assure le rôle du DNS pour l'internet des objets - est sans doute encore plus stratégique : la connaissance des flux de marchandises ou d'objets en dehors de certains territoires, et les utilisations envisageables, ne sont pas des hypothèses à prendre à la légère.
Ainsi, le système n'étant pas encore figé (personne n'a réussi à imposer une racine "seconde" du DNS ailleurs qu'aux USA), l'initiative tentant de péreniser l'existence de plusieurs racines ONS équivalentes prend tout son sens et acquiert le rang de nécessité stratégique.
Encore une fois, les processus de la Gouvernance ne sont pas sans concerner des intérêts réels pour la France. A l'heure où la mode stratégique se pose quelque peu sur la cyberguerre, ce serait sans doute une erreur que d'ignorer dans ses analyses ces aspects souvent laissés de côté.
Source : http://www.spyworld-actu.com/spip.php?article9633
mardi 6 janvier 2009
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