Source :internetgovernance.org |
Le site "Internet Governance Project" est un observatoire de la gouvernance et de ses tendances. Y participent plusieurs acteurs dont l'implication dans les instances internationales de la gestion d'Internet ne sont pas ridicules.
Il est donc très souvent un lieu où l'on trouve des réflexions intéressantes et bien informées sur ces phénomènes. En témoigne un récent article relatant les réflexions d'un chercheur chinois, le Dr. He Baohong de l'académie de recherche en télécommunications. Celui-ci évoque ainsi la fragmentation de l'internet comme une "loi de l'histoire", un phénomène selon lui incontournable. A l'appui de son argumentation, il cite plusieurs références techniques bien sur mais également des questions de culture et de langage ou encore économiques.
Cette vision, sur laquelle je n'ai pas d'opinion ici, peut être rapprochée des analyses d'experts techniques, également blogueur qui évoquent les "middleboxes stupides qui infestent l'Internet" que Stéphane Bortzmeyer nomme régulièrement.
Prenons donc comme fait que l'Internet dés débuts ou "théorique" ne présente plus les mêmes caractéristiques. D'un réseau tout à fait décentralisé où les capacités de calculs étaient exportées aux extrémités et où le réseau était tout entier tourné vers le transport et la redondance , celui-ci a bien changé avec un retour à la centralisation (ex. cloud computing) et effectivement une forme de fragmentation croissante.
Or, les attaques informatiques et en particulier celles que l'on imagine liées à la "cyberguerre" ou que sais-je, se basent intrinsèquement sur la capacité à joindre la cible. Vrai ou faux ?
Partiellement vrai en fait comme l'aura très bien montré un exemple comme "Stuxnet" même si celui-ci constitue un cas bien particulier comparé à l'ensemble des codes malveillants que l'on trouve sur Internet.
La fragmentation de l'Internet peut alors être analysé comme la réponse aux faiblesses des systèmes d'informations, comme la volonté de limiter de manière drastique l'exposition aux attaquants potentiels. En cela, et l'on trouve trace dans un ouvrage récent "Menace sur nos libertés", la "militarisation" du cyberespace (concept délicat - j'en suis conscient) apparaît comme une potentielle menace sur l'avenir d'Internet...
Or, sans Internet, la "cyberguerre" n'est plus du tout la même chose et perd même une partie de sa substance.
Et si, à force de "cyberguerre", nous perdions l'ouverture, l'innovation et le développement qui ont permis Internet et sont nés du cyberespace ? Et si, à force de segmentation ou de fragmentation, nous finissions par perdre "Internet" ? Alors, n'aurions-nous pas perdu également la "cyberguerre" ?
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