Un peu de gouvernance avec une pincée de sécurité, voici le menu du jour. L'ICANN a en effet, validé la création d'un nouveau Top-Level Domain (TLD), c'est à dire un domaine de tête et générique qui plus est mais dédié aux sites pornographiques et à l'industrie du genre...En quelque sorte, le ".com" du "rose"...
Dénommé ".xxx", ce gTLD a connu une histoire houleuse puisqu'il était déjà en lice alors que je commençais à peine à m'intéresser à la question. En 2005, il semblait que la question allait être réglée puisque l'ICANN délivrait une autorisation au futur gestionnaire du ".xxx", ICM Registry. C'était sans compter la pression des gouvernements et notamment celle des Etats-Unis puisque ceux-ci imposèrent pour la première fois à l'ICANN, un véto pur et simple rendant ainsi peu crédible la notion d'indépendance de l'organisation.
Toutefois, cette information m'inspire deux réflexions :
- la première est que, alors que tous les gouvernements étaient opposés à cette ouverture, l'ICANN a décidé d'autoriser de son propre chef le lancement de cette extension. Nous verrons toutefois comment cela évolue vraiment !
Ce cas illustre donc bien l'indépendance nouvelle de l'ICANN qui, forte de son nouvel accord (AOC) dispose d'une plus grande liberté d'action.
Cependant, rien n'est jamais simple et si les gouvernements ont longtemps négligé Internet, ils en reviennent aujourd'hui et souhaitent généralement plus de contrôle. Alors que, en 1998, les USA avaient poussé à la création de l'ICANN qui satisfaisait un besoin de réactivité, qualité que l'ONU, par exemple, ou l'IUT, ne possédait pas, les échanges semblent montrer que les Etats ne souhaitent plus être qualifiés de simples "parties prenantes" au sein de la Gouvernance au même titre que les autres participants.
En somme, c'est une forme de défi que l'ICANN lance aux gouvernements et à la communauté Internet...
- Cette question politique se double de quelques questions de sécurité également intéressante. Elles peuvent se résumer cependant en une phrase : il ne faut pas faire entièrement confiance à l'arrivée de cette nouvelle extension.
En effet, au premier abord, la protection des plus jeunes (que l'on ne souhaite pas forcément voir visiter dans leurs jeunes années de telles sites) parait renforcée. On a enfin une cible unique (tout ce qui se termine par .xxx) à blacklister sur Internet et dans nos logiciels de protection parentale...
Certes, mais il semblerait que l'industrie pornographique ne soit pas particulièrement heureuse de ce choix qui semble les contraindre à n'exister que dans un "territoire" ou une zone précise du Net. Pas de fausses joies donc !
Par ailleurs, rien ne les oblige à s'inscrire sur ces sites et rien ne garantit que nos chères têtes blondes seront mieux protégées.
De plus, et peut-être le savez-vous déjà, les sites pornographiques font aussi d'excellents appâts pour les criminels numériques de tous poils. Attirer quelques visiteurs n'est pas excessivement difficile et on est prêt à parier que les visiteurs ne seront pas aussi attentifs aux paramètres et indicateurs de sécurité qu'ils peuvent l'être habituellement...
Or, le ".xxx" offre à ces criminels tout un nouveau champ de nommage propre à leur permettre de mener diverses attaques en profitant d'un faux sentiment de confiance induis par un pseudo-contrôle sur les domaines en ".xxx". Cela ne les empêche pas plus de continuer à agir comme auparavant mais là n'est pas la question.
Le TLD "triple X"est donc intéressant à double point de vue, sécurité et politique/stratégie. Les deux "visions" adossées à cette problématique apportent une profondeur de vue que seul le "mariage" de référentiels ou d'approches nous permet d'avoir...
Source :
http://blog.internetgovernance.org/blog/_archives/2011/3/19/4775146.html
mardi 22 mars 2011
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